Décès d'Eliana Thélémaque, deux semaines après la mort de son bébé de deux mois

Près de deux semaines après le massacre de Kenscoff, Eliana Thélémaque, cette jeune femme qui a assisté, impuissante, à la mort de son nourrisson brûlé vif par les bandits armés de Kenscoff, est décédée dans la nuit du 14 février 2025.

Eliana, sauvée de justesse et encore sous le choc, errait dans les rues de Delmas 103 lorsque des riverains, émus par son état de démence, l’ont conduite au commissariat de Pétion-Ville, où elle a été temporairement prise en charge. Son nourrisson de deux mois lui avait été arraché des bras et jeté dans les flammes par des hommes armés qui sèment la panique depuis le 27 janvier dernier. Depuis, elle souffrait de troubles psychologiques manifestes, revivant sans cesse la scène insoutenable. « J’entends encore ses cris », aurait-elle confié aux témoins qui l’avaient recueillie.

Cependant, dans la nuit du 14 février 2025, cette jeune mère est partie rejoindre son fils, rendant son dernier souffle dans une des pièces qui l’hébergeaient au commissariat de Pétion-Ville, soit sept jours après les funérailles de son père. Le corps d’Eliana Thélémaque a été confié à une entreprise funéraire après constat du juge de paix, Eno RENÉ. Sa sœur, Miloura Thélémaque, réclame le corps de la défunte afin de lui rendre le dernier hommage qu’elle mérite.

Rappelons qu’Eliana n’était qu’un cas parmi d’autres. Dans les sites d’hébergement, des centaines d’autres victimes des violences urbaines vivent dans des conditions inhumaines, fuyant les zones sous contrôle de groupes armés. Au-delà des distributions sporadiques de kits alimentaires et d’hygiène dans les sites d’hébergement, ces rescapés ont besoin d’un accompagnement concret : soins médicaux, soutien psychologique, réadaptation sociale. L’histoire tragique d’Eliana fait une fois de plus appel à une urgence humanitaire qui ne peut plus être ignorée.

Laura Stéphie LIBERTIN